L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une méthode thérapeutique découverte par Françoise Shapiro en 1987 qui consiste à remettre en route, via les mouvements oculaires principalement, le traitement adaptatif naturel d’informations douloureuses, qui jusque là provoquaient chez le sujet souffrance et symptômes divers.
L’EMDR est très efficace : elle est la seule (avec les TCC) dont l’usage est officiellement recommandé par la HAS (haute autorité de santé) pour le traitement de l’état de stress post traumatique, qui intervient dans la validation des soins médicaux, depuis 2007.
Sous-tendue par le modèle du traitement adaptatif de l’information, elle permet de remettre en route ce système de guérison inné, consistant à traiter les expériences vécues afin de les ranger dans la partie cérébrale adaptée, comme le fait naturellement notre cerveau pendant la nuit.
En effet, lors des phases de sommeil paradoxal - vous avez peut-être pu observer les paupières des personnes endormies dans ces moments-là, qui s’agitent -, le cerveau passe en revue tous les événements vécus dans la journée et les « retraite ». Nous pouvons alors tirer des apprentissages des expériences vécues (ex : je dois ralentir en vélo quand il y a des graviers, sinon je risque de tomber), qui nous serviront par la suite, et qui sont adaptatives.
Malheureusement, certaines expériences douloureuses ne peuvent être traitées correctement, du fait de leur charge émotionnelle élevée. Elles restent ainsi stockées dans leur état brut – accompagnées de leurs pensées, sensations corporelles, images, ou émotions négatives, dans une mauvaise partie de votre cerveau.
Activables à loisir, elles génèrent ainsi des dysfonctionnements (ex : je ne peux plus prendre mon vélo, lorsque j’en aperçois un, je revis ma chute de vélo). De même, parfois, elles sont retraitées de manière incomplète, avec des apprentissages non adaptés (ex : il ne faut jamais prendre le vélo, sinon on tombe).
Par l’identification des « cibles » responsables du dysfonctionnement et les stimulations bilatérales alternées (les fameux mouvements oculaires), nous relançons de façon forcée le système de traitement adaptatif de l’information, permettant une digestion de ces expériences et une modification des dysfonctionnements.
Nous entendons régulièrement que l’EMDR agit de manière rapide, presque miraculeuse. En effet, dans le cas de trauma « simple », cela peut aller très vite. Mais l’EMDR n’est pas une thérapie brève, et la prise en charge peut s’étendre sur plusieurs mois, voire années, en fonction des problématiques.
L’EMDR s’adresse à toute personne (de l’enfant - même en bas âge - à l’adulte) souffrant de perturbations émotionnelles généralement liées à des traumatismes psychologiques.
Il peut s’agir de traumatismes “évidents”, avec un grand “T”, tels les violences physiques et psychologiques, les abus sexuels, les accidents graves, les décès, les maladies graves, les incendies, les catastrophes naturelles, les situations de guerre et attentats…
Mais il peut s’agir aussi de traumatismes avec un petit “t”, qui passent inaperçus et peuvent être la source d’émotions ou de comportements inadaptés ou excessifs dans la vie quotidienne (enfance perturbée, séparations, fausses couches et IVG, deuils, difficultés professionnelles…)
Ces perturbations émotionnelles s’expriment sous diverses formes : irritabilité, angoisse, cauchemars, tendance à l’isolement, état dépressif, comportement agité voire violent, douleurs physiques, somatisations, régression chez l’enfant…
D’autres troubles psychologiques relèvent aussi, dans certains cas, de traumatismes récents ou anciens, parfois inconscients : dépression, addictions, troubles du comportement alimentaire, attaques de panique, phobies…